Une douzaine de yaourts maison dans un four

Persévérance et hypersensibilité font-ils bon ménage ?

Pour vous parler de la persévérance des personnes hypersensible, je vais vous raconter une histoire…

Les yaourts...

Premiers essais

Il y a un peu plus de 14 ans, j’ai acheté une yaourtière pour faire des yaourts maison. J’ai choisi celle qui faisait tout. Elle faisait les yaourts, mais aussi les fromages et les desserts. J’étais vraiment contente… j’allais principalement pouvoir faire des yaourts maison. J’ai donc commencé à réaliser ma première recette comme expliquée sur la notice. Extrêmement simple avec des ferments, du lait entier, la yaourtière et 8h de cuisson. Seulement dès ma première expérience quelle ne fût pas ma déception, le résultat n’était pas du tout satisfaisant. Mes yaourts manquaient sérieusement de fermeté et d’onctuosité. Un peu trop liquide quoi. Bon certes, il y avait bien une recette de yaourts à boire, mais ce n’était pas celle que j’avais choisie. J’ai donc recommencé en testant la deuxième possibilité du livre de recettes avec pour base, un yaourt. J’ai toujours trouvé ça un peu bizarre, quand vous voulez faire des yaourts, vous avez besoin d’un yaourt pour les réaliser. Bon… j’applique… je m’applique étape après étape…  Je prends avec un yaourt pour base et après 8h de cuisson, pas plus convaincus que ça, mes yaourts étaient toujours aussi liquides. Pas mauvais, mais liquides. Je n’avais toujours pas encore choisi la recette de yaourts liquides. Comment seraient donc les yaourts liquides ? Dépitée, Je décide d’essayer la recette des yaourts liquides. Résultat : presque du lait. Bon. Je continue. Il est bien expliqué sur internet ou autre que pour faire des yaourts et avoir une recette onctueuse, il est important de tester la formule initiale avec différents yaourts pour base ou lait différent. J’ai testé tous les yaourts nature du commerce, tous les laits entiers. J’ai recommencé avec les ferments. J’ai testé avec le lait de soja, de chèvre, de brebis, en changeant de marque de lait, en augmentant le temps de cuisson jusqu’à 14h parfois. J’ai aussi essayé les recettes de fromages avec 14h ou 16h de cuisson. J’ai obtenu un ou deux fois un résultat à peu près satisfaisant. Mes prétendus fromages faisaient des yaourts un tout petit peu onctueux. Mais je ne voulais me résigner au lait entier et 12h de cuisson. J’ai absolument tout essayé et testé toutes les recettes possibles et imaginables, partout il était indiqué qu’il n’était rien de plus facile que de faire des yaourts et qui plus est avec une yaourtière. Cela a duré presque un an. Je ne réussissais pas à obtenir cette recette attendue de yaourts fermes et onctueux. Jusqu’au moment où j’ai été prise par autre chose, et que j’ai mis la yaourtière au placard, puis  à la cave sans plus y toucher. Elle est restée un long moment à la cave, des années.

J'insiste !

Puis il y a près un peu plus d’un an, j’ai ressorti ma yaourtière de la cave. J’avais à nouveau envie de réessayer de concevoir mes propres yaourts et d’avoir des yaourts maison comme je voulais. Je recommence donc avec la yaourtière et à nouveau, une déception, des yaourts trop liquides, qui n’ont pas de consistance.

Dès le début, et ce depuis mes premiers tests, il y a toujours eu une part en mois qui me disait « ce n’est pas possible, c’est la yaourtière, elle a un problème ! » Dès les premières expériences, j’avais cette ferme sensation que c’est la yaourtière qui avait un problème. Mais une autre part de moi ne voulait pas y croire et me disait : « elle est neuve », « elle sort de la boutique », « c’est la meilleure marque », « ce n’est pas possible, il y a quelque chose que je ne fais pas bien », « c’est moi qui fais mal les choses » .

Et un matin tranquillement, alors que je fais de nouvelles recherches sur internet, je regarde ce que je n’avais jamais eu besoin de regarder puisque j’avais une yaourtière, c’était la recette de yaourts au four. Je lis et je découvre que la température pour la cuisson des yaourts est de 45° à 50°. Alors je décide d’écouter la première part de moi et je me dis OK, je vais vérifier si la température de ma yaourtière est à la bonne température. Il y avait juste des programmes types et pas de bouton de réglage de la température. Alors je lance le programme de ma yaourtière avec un thermomètre dedans. Je laisse pendant le temps nécessaire pour que la yaourtière puisse monter en température et être à son degré de chauffe maximum. Et après deux ou trois heures… verdict… effectivement la température de ma yaourtière ne dépassait pas 39°.  Je comprends alors que ce n’était pas ma manière de préparer la recette qui faisait que cela ne fonctionnait pas, mais que c’était la yaourtière qui ne chauffait pas suffisamment. Le problème était que la yaourtière n’avait jamais fonctionné correctement, et ce depuis le premier jour comme je l’avais pressentie.

Nouvelle tentative

Je décide alors de faire l’expérience avec la cuisson au four. Je reprends la recette de base et je recommence avec la température indiquée dans la recette. Et après 12h surprise…J’obtiens de magnifiques yaourts extrafermes.

Ce que m’apprend cette expérience est que nous sommes de très nombreux hypersensibles à avoir une grande capacité de persévérance. Seulement nous n’avons de cesse de nous remettre en question nous, et de chercher sans arrêt quel est le problème dans ce que l’on fait nous : comment il faudrait qu’on soit ? Comment il faudrait que l’on fasse ? En balayant trop rapidement notre première impression, notre première pensée, la première idée.

Alors que parfois cela peut être aussi simplement que ça : ce n’est pas toujours « nous » qui ne fonctionnons pas correctement. Cela peut être ce qui est en face de nous, la yaourtière, la personne, l’entreprise que sais-je … ? Qui ne fonctionne pas. Ce n’est pas toujours évident. Je me serais posé la question avec un yaourtière d’occasion, mais là non, elle était neuve. Je pensais que cela ne pouvait venir que de moi à cette époque.

Cette expérience m’apprend deux choses :

  • Les hypersensibles sont souvent des personnes persévérantes
  • Certains hypersensibles utilisent leur persévérance à chercher le problème en eux

Les hypersensibles sont souvent des personnes persévérantes

 

La persévérance est l’action de persévérer. De mettre en œuvre sa volonté, d’user de patience pour poursuivre une action malgré les difficultés, pour rester ferme dans une résolution, une opinion, une attitude.  C’est aussi une qualité souvent essentielle pour réussir certains projets :

  • Abraham Lincoln a raté 7 campagnes présidentielles avant de devenir président des États-Unis.
  • K. Roweling était au chômage, divorcée, et élevait sa fille grâce aux aides sociales quand elle a écrit le premier tome de Harry Potter.
  • Henry Ford a échoué dans 3 business avant de connaître le succès avec Ford Motors Compagny à l’âge de 53 ans
  • 3 fois Steven Spielberg a été recalé à ses études de cinéma.
  • 12 maisons d’édition ont rejeté le premier tome de Harry Potter à J.K. Roweling.
  • 26 ont refusé à Timothy Ferriss « La semaine de 4 heures ».
  • 30 maisons d’édition ont rejeté « Carrie » le livre de Stephen King
  • 301 banques ont ri au nez de Walter Elias Disney et de son idée de parc à thème.
  • 2000 tentatives sont nécessaires à un bébé pour réussir ses premiers pas.
  • 1000 façons ont permis à Edison de « ne pas » faire une ampoule avant de trouver comment en faire une.
  • 5126 prototypes ont permis à James Dyson de créer l’aspirateur sans sac.

La ténacité des hypersensibles

La persévérance est une qualité que possèdent de nombreuses personnes hypersensibles malgré ce qu’elles peuvent penser. Je rencontre chaque jour des personnes hypersensibles dotées d’une persévérance incroyable dont elles n’ont pas toujours conscience.

Nous avons tous des moments de découragement et lorsque nous accumulons bon nombre d’essais, de tentatives, d’échecs. Nous doutons et sommes démoralisés, épuisés, abattus. Parfois aussi quand nous voyons d’éclatantes réussites nous avons peut-être tendance à nous dire que les autres ont de la chance parce qu’on ne voit pas les nombreuses difficultés que les personnes ont dû surmonter avant d’en arriver là.

Le doute des hypersensibles

Seulement, quand nous sommes hypersensibles, nous sommes souvent en proie aux doutes. Parfois nous plongeons dans des remises en question permanentes qui nous font renoncer ou nous sommes tiraillés entre deux idées contradictoires et nous ne savons souvent pas à laquelle des deux nous vouer. Le manque de confiance s’invite alors et n’a de cesse de nous faire nous remettre en question nous :

Qu’est-ce que j’ai fait ?

       Pourquoi je n’y arrive pas ?

           Pourquoi moi, je n’y arrive pas ?

                Pourquoi les autres y arrivent et pas moi ?

                     J’ai un problème !

                           Je ne suis pas assez,

                                 Je ne suis pas comme il faut être

Le doute de lui-même

Nous cherchons sans arrêt, l’erreur, la faute, en nous. Ce que nous aurions fait de mal, le problème en nous ou dans ce que nous avons fait ou dit. Comme si nous étions responsables de tous les maux de la terre. On se dit trop souvent : « Cette personne est une bonne personne », « Tout le monde l’apprécie », « Et puis, elle a de nombreux diplômes », « Et des  diplômes prestigieux », « C’est moi qui dois avoir un problème », « C’est encore moi le problème » « C’est une grande entreprise » . Seulement, non, le problème ne vient pas toujours de nous.

Nous la mettons là notre persévérance.  Dans cette direction, dans « c’est moi qui ai un problème », dans « c’est moi le problème ». Et nous utilisons notre persévérance à chercher le problème en nous.

Certains hypersensibles utilisent leur persévérance à chercher le problème en eux !

Souvent les hypersensibles, nous persévérons dans des situations perdues d’avance. Vouloir fabriquer des yaourts dans un appareil qui ne fonctionne pas est totalement invraisemblable. Ma yaourtière n’avait tout simplement jamais fonctionné malgré tout ce que je pouvais me dire.

Nous avons parfois une sacrée persévérance à chercher le problème en nous alors que le problème n’est pas toujours en nous. Nous n’avons de cesse de nous remettre en question, de chercher sans arrêt : comment il faudrait que l’on soit ? Comment est-ce qu’il faudrait que l’on fasse ? Nous avons une sacrée persévérance à nous ajuster, nous redresser, nous adapter. Nous utilisons notre persévérance à aller à l’encontre de nous. Certaines peuvent même parfois révéler une grande capacité à endurer certaines situations. Nous avons une énorme capacité à résister et à tenir bon dans des situations qui ne fonctionnent pas. Mais on se trompe.

Parfois c’est simplement ce qui est en face qui ne fonctionne pas correctement, c’est la yaourtière, la personne, l’entreprise e que sais-je … qui ne fonctionne pas. Ce n’est pas notre nous qu’il faut changer, c’est la yaourtière, le partenaire, l’entreprise, la bonne copine, le collaborateur.

Mais tant que je pense que c’est moi le problème, je reste bloquée. 

Retournement

J’ai donc jeté ma yaourtière ou du moins je l’ai déposée dans un lieu pour le recyclage écologique et je continue à fabriquer mes yaourts maison au four. C’est d’ailleurs beaucoup mieux, je peux en faire plus en même temps. Je les fais à la vanille, au miel, avec des confitures maison à la rhubarbe ou autre. Et parfois à la pistache, j’explore la pistache, j’adore tellement la pistache. 😋 Maintenant je peux exprimer ma créativité dans mes yaourts et ma maison se transforme en usine à yaourts une demi-heure par semaine.

Pour sortir de certaines situations bloquées, il peut être intéressant à certains moments de se demander si ce n’est pas la direction que je prends qui ne fonctionne pas,  qui n’est pas la bonne, qui est le problème ? 

Comment savoir si nous mettons notre persévérance dans la bonne direction ?

Nous pouvons éclairer notre pensée et percevoir si nous mettons notre persévérance au bon endroit de 3 manières :

Choisissez une situation dans laquelle vous avez la sensation d’être bloqué :

  • Rappelez-vous la toute première chose que vous vous êtes dite concernant cette direction ? cette personne ? Cette entreprise ? Cette idée ?
  • Qu’est-ce que vous vous en dites régulièrement et que vous mettez sous le tapis ?
  • Prenez un temps calme/ méditatif : entre 15 et 20 min et posez-vous la question avec le cœur.

Conclusion

Nous, les hypersensibles, avons aussi une très grande persévérance tout comme les non-hypersensibles. Découvrir que nous avons de la persévérance fait déjà beaucoup de bien.

Je vous invite à vous poser ces 3 questions

1-En quoi êtes-vous persévérant 

2-Est-elle placée au bon endroit ? 

3-Si oui : est-ce que les résultats sont satisfaisants ?

Si non : Dans quelle direction serait-elle plus utile ? 

 Pour ma part, je n’ai aucune intention de créer une industrie de yaourts soyez assuré. Cela me détends de faire des yaourts. 

Il m’est arrivé encore une autre expérience  sur un tout autre thème que je vous raconterai dans un prochain article.

                                                                                            Prenez soin de vous 🌸

14 réflexions sur “Persévérance et hypersensibilité ”

  1. Corinne Kosnansky

    Moi j’ai persévéré pendant 8 ans pour faire reconnaître un harcèlement moral collectif dans mon entreprise. C’était important de dénoncer même si cela m’a coûté du temps, de l’argent en frais d’avocat, une santé mentale et physique en berne.
    Je savais que le résultat ne serait pas 100% comme je le souhaitais mais moi le petit roseau j’ai plié mais pas rompu. J’ai démontré que ce n’était pas moi le problème.
    Je me retrouve tellement dans vos articles et je comprends mieux mon parcours depuis l’enfance. Cela va me permettre d’aborder ma vie senior plus sereinement

    1. Avatar photo

      Merci Corinne pour votre témoignage et votre retour sur mes articles.
      Je suis très contente que cela vous permet de vivre plus sereinement.
      Au plaisir de vous lire ☀️
      Charlotte

  2. Oui, je vous rejoins sur la persévérance, pour l’histoire des yaourts en tous cas ! En ce qui me concerne, j’ai persévéré trente ans avec un homme pervers narcissique. J’ai persévéré car je pensais que j’allais parvenir à être heureuse avec lui, qu’à un moment il se rendrait compte de mes sentiments et de ma bienveillance. Mais non, au bout de trente ans il n’avait toujours pas compris et moi non plus. Je me perdais, il me détruisais et il n’est toujours pas guéri, mais nous sommes heureusement divorcés. Alors la persévérance peut se solder par un échec, un fiasco total !

    1. Avatar photo

      Merci Zaïna,
      Merci pour votre commentaire. Vous avez été très courageuse.
      Oui, il est parfois écologique de changer de direction.
      Belle continuation

  3. Christelle Gioana

    Charlotte j’adore ce texte ! Il me parle beaucoup et me fait comprendre la part en moi qui est épuisée à toujours essayer d’être une meilleure femme, une meilleure amie, une personne encore plus cultivée etc etc J’en oublie de vivre paisiblement avec moi-même.
    Merci 🙂
    Amicalement,
    Christelle G

  4. Bonjour,
    Merci du fond du cœur pour cet article.
    Je suis assistante sociale et je me vois parfois lutter seule contre des organismes, des personnes, pour des situations qui me semblent évidentes. Et je remet très très régulièrement ma pratique en cause. (Bon parfois c’est qd même moi qui dysfonctionne ).
    C’est beaucoup d’énergie de se battre pour les autres.
    Mais ça en vaut la peine.
    J’essaie d’apprendre à y laisser moins de plumes. (D’ailleurs je me sens presque illégitime d’écrire mes ressentis ici….)
    Merci encore. Hâte de lire le prochain article !

  5. Si vrai ! J’ai longtemps pratiqué le patinage artistique, et c’est sans cesse de la répétition comme beaucoup de sport. Je me retrouve dans cette persévérance à ne rien lâcher jusqu’à y arriver ou se remettre en question. Et j’adore ça

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