Rencontre avec Fabienne RAOUL

RENCONTRE AVEC…

Une série de rencontres autour de l’hypersensibilité, de femmes et d’hommes qui ont appris à l’apprivoiser pour en faire une ressource. Loin d’être une faiblesse, l’hypersensibilité peut être une force, capable de déplacer les montagnes. C’est justement parce que nous sommes hypersensibles que tout devient possible.

RENCONTRE AVEC FABIENNE RAOUL

Scientique, sophrologue et auteure

Quand et comment avez-vous découvert votre hypersensibilité ?

La sensibilité fait partie de ma vie depuis toujours. Enfant, j’étais déjà sensible à la nature, aux animaux. Je suis même devenue végétarienne pour ne pas faire du mal aux animaux. J’étais aussi sensible aux autres, à la différence et au respect. J’ai toujours été proche d’êtres différents, à l’écart des autres.

En 2004 ma sensibilité s’est encore décuplée après mon EMI (expérience de mort imminente). Et ce n’est qu’il y a quelques mois que j’ai découvert que cette grande sensibilité était désignée par le mot d’hypersensibilité.. Tout a commencé par la rencontre avec Géraldyne Prévot-Gigant, psychopraticienne et auteure, nous intervenions toutes les deux à une table ronde sur la reconnexion à soi, au Salon du Livre à Compiègne. Nous avons gardé contact, puis quelques mois plus tard, Géraldyne a sorti un livre sur les hypersensibles spirituels. Je l’ai félicitée et lui ai manifesté mon intérêt pour le lire, plus par curiosité et parce que j’intuitais que la plupart de mes clientes l’étaient, mais sans pouvoir dire ce que cela impliquait précisément… Or, et c’est là que c’est drôle, pour Géraldyne,  il était évident que j’étais moi aussi hypersensible !  Et en effet, en faisant le test de son livre, je cochais toutes les cases (ou presque). Et j’ai compris qui j’étais. Enfin! Et puis votre proposition d’interview est arrivée juste à ce moment-là. C’était pour moi deux coïncidences signifiantes.

J’ai mis du temps à m’en apercevoir parce qu’avant j’étais certes sensible mais aussi très terre à terre. Ingénieure matériaux, j’ai eu un parcours scientifique matérialiste et je ne croyais pas à l’invisible. J’ai travaillé dans le nucléaire et ce n’est pas un milieu où on a l’habitude d’exprimer sa sensibilité et ses émotions. D’autant plus que je viens d’une famille bretonne où on garde les émotions pour soi. Je suis depuis toujours une sorte « d’extraterrestre » de la famille (rires).

Pour résumer, je dirai que j’ai toujours été sensible et que je suis devenue hypersensible suite à mon EMI en 2004.

Comment se manifeste votre hypersensibilité ?

Elle se manifeste par ce que j’appelle avec affection « mes bizarreries ». Ce sont des intuitions très fortes, des prémonitions. Je pense à quelqu’un de façon récurrente. Je finis par l’appeler et c’est précisément au moment où elle a besoin de moi. Je vois des choses arriver dans des rêves avant qu’elles n’arrivent.

Je suis aussi très empathe. Je ressens l’émotion des personnes qui sont en face de moi. Quand je regarde un film, je peux pleurer avec le personnage.

Je suis plutôt de nature introvertie depuis que je suis enfant. Je rougissais tout le temps. J’étais timide et réservée. Mais comme j’aime transmettre, notamment via mes livres ou dans des interviews, cela m’a forcé à devenir plus  extravertie avec le temps– ou plutôt plus communicative.

Le côté un peu plus embêtant de mon hypersensibilité, c’est que je suis très sensible au bruit et à la foule. J’aime les gens mais pas la foule. La foule peut m’oppresser rapidement. Quand je vais faire des courses, je privilégie les commerces de proximité plus que les grandes surfaces. Je choisis aussi les horaires où je sais que je verrai peu de monde. Même les tout petits bruits peuvent me réveiller la nuit. Le bruit me perturbe et m’empêche de garder mon calme.

J’ai un besoin vital d’aller dans la nature, viscéral presque. C’est ce qui me ressource. Le bruit des oiseaux, de la mer ne me perturbe jamais. Même le bruit et la force d’une mer déchaînée ne me perturbe pas. Je me sens intégrée à la nature.

C’est pour cette raison que j’ai quitté Paris et que je suis en bord de mer. Chaque jour, je peux faire une balade. Ma vitalité diminue dès que je suis en ville. J’ai besoin de préserver mon énergie. C’est comme si j’avais des piles qui ont besoin d’être rechargées. Mon carburant, c’est la nature, la mer. Je vais dans l’eau même en hiver. Avec une combinaison de plongée!

Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie de vous savoir hypersensible ?

Cela m’a permis de me dire que je n’étais pas seule. C’est rassurant. J’ai tendance à croire comme Géraldyne Prevot Gigant que ce n’est pas nous qui sommes hypersensibles, c’est le monde qui est hyposensible.

J’ai le sentiment que beaucoup de personnes s’éveillent aujourd’hui avec ce niveau d’ouverture, d’empathie, de lien avec la nature. Une partie de notre société va évoluer vers un modèle moins hyposensible, fait de respect de soi, de l’autre, de la nature et du vivant. J’y crois beaucoup. 

J’ai maintenant conscience que j’ai une espèce de boussole dans ma vie. Les signes et les synchronicités agissent comme des balises sur ma route. Grâce à cette boussole, j’augmente mon lâcher prise tout en sachant que je suis sur le bon chemin. Je sais que c’est une synchronicité essentielle grâce à ce que je ressens dans mon coeur quand elle se présente. Il y a un « Waouh » qui me met en joie, qui pétille, qui palpite et m’émerveille.

Est-ce que vous en avez parlé autour de vous?

Le fait que j’ai écrit mes deux livres, Mon bref passage dans l’autre monde et Tout est lié– Et si l’eau avait une conscience ? (ed. Leduc), m’a permis de faire un coming out spirituel et de dire un peu plus qui j’étais. Avant je ne le disais pas. Je soignais les problèmes d’angoisse, de stress, de confiance en soi sans partager mon histoire avec les patients.

Depuis que j’ai transmis qui j’étais, les gens se sont reconnus. Et c’est vrai que depuis 2 ans, mes patients sont pour beaucoup des hypersensibles.

Les outils, les clés qui vous permettent d’apprivoiser votre hypersensibilité au quotidien ?

Je fais mes prières chaque matin et chaque soir. Je suis très liée à la Vierge Marie depuis mon EMI. Ce sont des prières pour la planète, pour mes proches. Je suis dans la gratitude. Je remercie pour la journée à venir, les séances que je vais avoir avec mes patients et qui vont bien se passer. Je remercie également pour les choses imprévues sur lesquelles je n’ai pas de prise et qui peuvent arriver. Je m’en remets à plus grand que moi pour affronter les difficultés et les imprévus de la journée. Je remercie pour ce qui est et ce qui va venir. Je me sens en gratitude et en paix.

J’aime lire des BD, regarder des comédies, des choses décalées qui détendent mon mental. L’humour me permet de prendre du recul, de me défocaliser des problèmes et d’être dans une autre bulle, positive. La BD sur les Bretons de Fabien Delettres Tout est bon dans le Breton me fait par exemple beaucoup rire.

J’aime parler aussi avec mes amis, c’est un moyen d’évacuer le trop plein. La plupart de mes amis sont comme moi. J’ai une amie cartésienne et j’aborde d’autres sujets avec elle. Je sais m’adapter en conscience aux personnes que j’ai en face de moi.

J’ai besoin de m’octroyer du temps où je ne fais rien. Mon cerveau n’arrête jamais même la nuit. Je suis à mon compte donc je m’organise comme je veux. Je veille à avoir peu de séances dans une journée et à avoir une demi-heure entre chaque séance. Je marche dès que je peux et si possible dans l’eau. Chaque jour, c’est vital pour moi d’aller marcher entre 3/4 d’heure et 1 heure 30. Soit sur terre soit dans la mer. Je peux passer 1 heure, 1 heure 30 dans l’eau à faire du longe côte.

Il y a aussi des jours où j’ai besoin de ne rien faire, m’allonger, écouter de la musique, rêvasser. Entre 30 minutes et une heure. J’aime écouter de la musique classique, Mozart, Bach pour me détendre. 

Et puis, dans un tout autre style, j’écoute le groupe Queen et son chanteur mythique Freddie Mercury, dont je suis une grande fan. Certaines chansons me boostent pour la journée, alors que d’autres m’émeuvent jusqu’à en pleurer. 

Et puis, plus pratiquement, faire une activité manuelle comme accrocher un tableau ou jardiner et mettre les mains dans la terre, comme chez mes parents, me libère tout de suite la tête.

Quelles portes se sont ouvertes grâce à votre hypersensibilité ?

Le monde de l’écriture s’est ouvert. Ecrire mon premier livre m’a permis d’assumer qui je suis. Je l’ai fait dans une optique de partage aux autres de cette expérience d’EMI et de l’extrême sensibilité au monde invisible qu’elle a provoqué en moi. Je l’ai d’abord publié en auto-édition et puis une agente littéraire, Stéphanie Honoré m’a repérée et m’a fait signer avec une maison d’édition.

L’écriture est une nouvelle voie qui s’est ouverte pour moi. J’ai voulu exprimer toutes les bizarreries que je vivais et ressentais. Je me suis dit que cela pourrait peut-être aider d’autres personnes qui ont vécu une EMI ou une expérience similaire. C’était thérapeutique. Tout prenait sens. C’est comme s’il y avait une trame. Comme si tout ce que j’ai vécu était écrit pour concilier la science et la conscience, pour faire avancer la société, ouvrir l’esprit des gens. J’ai reçu beaucoup de témoignages de médecins et de scientifiques qui ont partagé leurs expériences avec l’invisible. Pour eux aussi, l’invisible existe bien.

Le monde de la recherche s’est ouvert avec mon dernier livre « Tout est lié – Et si l’eau avait une conscience ? (ed. Leduc) »  consacré au pouvoir caché de l’eau. Des chercheurs m’ont contactée pour travailler sur la thématique de la conscience et de l’eau.

Sans mon EMI et l’hypersensibilité qu’elle a déclenchée, je n’aurais jamais changé de métier. Je gagnais très bien ma vie. J’ai arrêté de travailler dans le nucléaire en 2014 pour commencer une formation en sophrologie. Et puis j’ai quitté Paris en 2019. Je me suis toujours sentie déracinée à Paris. Ce retour à mes sources m’a comme remise dans un flux et les synchronicités se sont multipliées autour de projets. Les portes se sont ouvertes.

Vos plus grandes ertés d’hypersensible ?

Donner des conférences est ma plus grande fierté. C’est une victoire pour l’introvertie que je suis. Témoigner aussi dans le documentaire de Valérie Seguin sur les EMI a été une grande fierté. Je n’aime pas m’exposer parce que j’ai toujours eu peur du jugement des autres. Aujourd’hui, j’ose dire qui je suis et les gens peuvent penser ce qu’ils veulent, cela m’est égal. Je n’ai pas peur de dire que je suis scientifique et connectée.

Une autre grande fierté est d’être sortie du cadre dans lequel j’étais confinée. Avant l’EMI, j’avais une fermeture d’esprit. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. C’est mon côté à la fois scientifique et intuitif. Je suis maintenant guidée par l’amour et l’invisible. La vie est devenue magique. La vie pétille quand on est dans l’émerveillement.

3 conseils aux hypersensibles

  1. S’écouter et se relier à son âme. Oser être qui on est
  2. Ne pas se considérer comme étant un problème mais une solution. Je suis unique et différente. C’est ma force et avec cette force, qu’est-ce que je peux apporter aux autres?
  3. Ralentir. Prendre le temps de vivre, prendre du recul pour pouvoir être soi dans un monde hyposensible.

Extraits choisis

J’ai besoin de préserver mon énergie. C’est comme si j’avais des piles qui ont besoin d’être rechargées. Mon carburant, c’est la nature, la mer.

J’ai maintenant conscience que j’ai une espèce de boussole dans ma vie. Les signes et les synchronicités agissent comme des balises sur ma route. Grâce à cette boussole, j’augmente mon lâcher prise tout en sachant que je suis sur le bon chemin.

Je sais que c’est une synchronicité essentielle grâce à ce que je ressens dans mon coeur quand elle se présente. Il y a un « Waouh » qui me met en joie, qui pétille, qui palpite et m’émerveille.

Faire une activité manuelle comme accrocher un tableau ou jardiner et mettre les mains dans la terre, comme chez mes parents, me libère tout de suite la tête.

Quelques liens/conseils de lecture

Livre Les hypersensibles spirituels  de Géraldyne Prévot-Gigant
Film  La forme de l’eau  de Guillermo del Toro

Propos recueillis par Isabelle Toutain @isatoutain

Merci infiniment à Fabienne Raoul, et à Isabelle Toutain pour ce RENCONTRE AVEC… singulièrement spirituel…

Retrouvez Fabienne Raoul sur son site 

1 réflexion sur “Rencontre avec Fabienne RAOUL”

  1. Je suis aussi hypersensible mais je n’arrive pas à canaliser mes émotions, et cela m’épuise. Il m’arrive de me révolter contre l’injustice, de m’emouvoir a en pleurer devant un tableau ou un film. Je ne supporte pas la méchanceté. Je propose souvent mon aide aux gens (j’adore le sourire des personnes âgées !). Je suis aussi végétarienne. Bref peu de temps pour me ddétendre et réaliser mon projet d’écrire un livre pour les enfants. Merci Fabienne Raoul pour ce témoignage.

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