« Les Hypersensibles »   donner la parole à la fois aux personnes hypersensibles à travers des témoignages, des récits, des interviews, mais aussi aux praticiens qui a travers des approches différentes et variées  aident les personnes hypersensibles à mieux vivre leur hypersensibilité. Nous recueillons aujourd’hui le témoignage d’Isabelle LEROUSSEAU  architecte d’intérieur qui nous raconte sa vision de son métier passion :

Je suis Isabelle Lerousseau, architecte d’intérieur depuis presque 30 ans, mais avant tout, une amoureuse des lieux, de leur âme, de leur résonance.
Il y a des espaces qui murmurent, d’autres qui résonnent fort en nous. 
Chaque lieu porte une mémoire, une âme qu’il nous faut savoir entendre. 
J’ai toujours ressenti cette connexion intime avec les lieux, les matériaux et cette sensation que chaque mur, chaque lumière, chaque volume a une histoire à raconter. 
C’est peut-être cela qui m’a poussée à devenir architecte d’intérieur : l’envie de comprendre ce que ces espaces ont à nous dire et de leur donner la voix qu’ils méritent.

Un espace doit être le reflet de ceux qui l’occupent. 
On nous apprend à rentrer dans un moule, à suivre des tendances, mais la vraie beauté réside ailleurs : dans l’identité, dans la singularité de chacun.
Lorsque je conçois un lieu, je ne cherche pas à y laisser mon empreinte. Mon rôle, mon ambition est de révéler la vôtre.
Créer un espace qui vous ressemble, qui raconte votre histoire, vos besoins, votre énergie.

Loin des modes éphémères, je donne du sens à la technique pour en faire une source de bien-être, pour imaginer des lieux qui ne se contentent pas d’être beaux, mais qui vibrent, qui apaisent, qui inspirent.

Et si, ensemble, nous prenions le temps de découvrir ce que votre espace a à vous offrir ? 

Un lieu où chaque coin, chaque texture, chaque nuance résonnerait profondément avec ce que vous êtes, comme un écho à vos émotions. Travailler ensemble, d’hypersensible à hypersensible, pourrait être une expérience profondément nourrissante, où l’espace se transforme pour vous offrir bien plus qu’un simple décor, mais une représentation fidèle de qui vous êtes, un lieu qui résonne avec votre vérité intérieure. 

Je serais ravie d’échanger avec vous sur votre projet !

Mon hypersensibilité : #quijesuis

J’ai beaucoup souffert des réflexions, du regard des autres… surtout dans ma famille en fait.

J’ai toujours senti qu’il y avait des trucs bizarres. Se baigner dans la mer ou l’océan, c’étaient des cris après, car le sel provoquait des démangeaisons insupportables, à en pleurer…

J’étais émotive, et j’ai, comme beaucoup, ressenti le rejet, l’injustice. Mais pas à l’école. Plutôt après.

Souvent, je m’ennuyais. Alors j’ai exploré : piano, vannerie, poterie, chant, danse classique, danse moderne, puis un peu plus tard : gymnastique, flûte traversière, rock, cosmétiques naturels, maison et même piloter un avion !…

Ma mère est décédée avant mes 10 ans. Mon monde s’est effondré. Tout est devenu terriblement compliqué. J’ai dû apprendre à me débrouiller seule.

Au travail, on me disait : Endurcis-toi ! On s’en fout de tes émotions…

J’ai choisi ce métier, car il me semblait à l’opposé de l’ennui. Les plans, la rigueur, la technique, les normes, la création, le chantier… tout cela évolue sans cesse. Et je ne me suis pas trompée ! J’en explore au fil des ans toutes les facettes : fluides (électricité, plomberie, climatisation), expertise judiciaire, acoustique, accessibilité, thermique… 

J’adore apprendre !

J’ai toujours cru être bête tant je me sentais différente, tant le regard des autres me semblait parfois étonnant.

Mon père m’a dit un jour : Tu feras des études courtes.

Oh, bien sûr, je ne lui en veux pas… son passé explique mon présent. 

Et du coup, j’ai fait des études toute ma vie ! (Mais en travaillant !)

Je n’ai jamais réussi à m’endurcir. Certaines personnes me disaient : Tu es hypersensible. Mais je ne comprenais pas pleinement ce que cela signifiait.

C’était juste un mot de plus pour me définir, rien de plus.

Vers 40 ans, il y a souvent un moment où l’on prend du recul sur sa vie. J’ai traversé une période difficile, et c’est là que j’ai découvert un livre sur l’hypersensibilité.

J’ai commencé la lecture de celui-ci, et j’ai corné une page qui me parlait. Puis une autre. Et encore une autre… Finalement, chaque nouvelle idée me correspondait. Je SUIS ce livre.

Deux choses se sont passées. D’abord, un immense soulagement : je n’étais pas bizarre, pas différente, juste hypersensible. Et j’en comprenais enfin toute la dimension.

Mais j’étais aussi troublée. J’ai toujours combattu le fait d’enfermer les autres dans des petites cases, et voilà que j’étais devenue une belle étiquette moi aussi !

Cette découverte m’a pourtant aidée. J’étais réhabilitée.

J’emploie ce mot, car il fait écho à mon métier : rénovation, réhabilitation…

L'entreprenariat, une histoire de réhabilitation

 Avec cette hypersensibilité, j’ai dû trouver un équilibre dans mon travail. 

Pendant longtemps, le monde du bâtiment m’a semblé rigide, mais j’ai appris à y insuffler ce qui me correspond vraiment : l’écoute, l’émotion, la subtilité des détails qui font la différence.

J’ai été salariée pendant près de 20 ans et cela n’a pas été facile. Mais je me disais : tant que j’apprends, je continue.

J’ai, une première fois, été à mon compte afin de pouvoir m’occuper de mes enfants.

Et puis maintenant, depuis 4 ans et demi.

Voici comment je ressens mon intervention dans mon métier.

C’est un texte que j’ai écrit il y a un mois environ pour parler de mon travail :

« Il y a des lieux que je nomme vides. Sans âme. Avec un plafond en dalles minérales, des cloisons modulaires et, parfois, une touche de couleur. On entre, il ne se passe rien. C’est propre, c’est tout.

Et puis, il y a ces lieux chargés d’émotions. Ici, tout n’est pas parfait. On y respire un autre temps, une magie d’autrefois. Des passages, des voix, des éclats de rire et des larmes qui semblent encore flotter dans l’air. Un lieu habité. Un lieu qui vibre.

Ça, c’est la contradiction.

On nous vend la rénovation comme une mise à jour, un coup de pinceau, un dépoussiérage esthétique. On nous parle de tendances, de matériaux dernier cri, de design millimétré. 

Mais à force de tout lisser, on finit par effacer.

On oublie que les espaces sont vivants, qu’ils portent l’histoire de ceux qui les ont traversés. Pourquoi vouloir tout remettre à zéro alors qu’on pourrait sublimer ce qui existe déjà ?

J’ai l’image d’un mur usé, où la peinture s’écaille, où la tapisserie se décolle. On dirait une imperfection. 

Pourtant, en l’observant, mon esprit vagabonde… Quelle histoire raconte-t-il ? Celle du passé qui se magnifie, qui devient une œuvre d’art, un témoin du temps.

La vraie rénovation, celle qui fait la différence, c’est celle qui ose être personnelle, authentique. Pas celle qui s’efforce de ressembler à un catalogue ou à une mode éphémère.

Alors, arrêtons de faire passer le « beau » avant l’utile, le pratique et le sensible. Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir un espace qui brille sous les projecteurs, mais un espace qui résonne avec ceux qui le vivent. 

Et là est toute la différence !

Créons ensemble ce lieu qui VOUS ressemble ! »

 Transformer la technique en bien-être. 

C’est ainsi que je conçois mon travail. Derrière chaque détail esthétique, il y a une intention : l’acoustique pour un confort sonore, l’accessibilité pour l’inclusion, l’aspect thermique pour un bien-être durable.

Comme j’ai travaillé beaucoup en sous-traitance ces 4 années, mon univers n’est pas encore bien représenté, mais comptez sur moi pour y arriver !

Je communique essentiellement sur les établissements recevant du public, mais voici un autre texte sur mon travail avec des particuliers, écrit il y a quelques années (j’aime bien écrire aussi pour me libérer des émotions…)

« Aujourd’hui, il pleut… tout est triste… et pourtant… 

Aujourd’hui, je suis allée chez un couple de personnes âgées pour les aider dans leur choix…

Lui se met dans une chambre tout seul sans lumière et écoute les choses de loin…

Elle m’explique ce qu’elle souhaite et me demande de l’aider, la conforter… elle n’y arrivera pas sans moi, me dit-elle…

Je rentre dans la salle à manger. Le canapé est recouvert d’un plaid blanc. Je le soulève et un vert jaillit…

Elle m’explique que le tissu est fragile donc elle le protège du soleil, de son petit-fils, des invités et me précise aussi que son mari adore cette couleur… et là, je me permets l’impensable… ; -)… j’enlève sous ses yeux complètement le plaid et lui réponds : qu’est-ce qui vous empêche d’en profiter pleinement quand il n’y a que vous deux ? Cette couleur plaît à votre mari…, 

À ce moment-là, il sort de sa chambre et vient à nous. Il n’a plus son regard sérieux, il sourit et devient tellement mignon ! 

Alors je poursuis ; regardez le visage de votre mari, regardez comme le simple fait de voir cette couleur le rend heureux ! profitez-en !!!!;-) Faites-vous plaisir !!!! Et remettez ce plaid juste quand il faut le protéger…

…. Ils sont tout contents et j’ai fait quoi ? rien…j’ai ramené le beau vert dans leur vie…

Quand je pars, elle m’accompagne et lui vient se rapprocher de son épaule et nous écoute avec un air bienveillant et tendre…comme si… je faisais partit de sa famille…Happy ! »

PS : Si à la lecture de mon message, vous ressentez un appel vers ce métier… un conseil, soyez motivé comme jamais !

Un grand merci

Merci à Charlotte pour nos échanges, ta douceur. Notre rencontre d’une journée m’a profondément marqué il y a de cela 7 ans …C’était comme si on se connaissait déjà depuis toujours pour moi…et c’est toujours un immense plaisir d’échanger avec toi ! J’ai adoré ton livre, j’avais écrit un petit texte à ce propos, tu te rappelles tant il m’avait touché ? À déguster absolument ! 😉

Crédit photo : depositphotos.com/fr/

Site Internet www.rev-eler.fr

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E mail info@rev-eler.fr

Téléphone : 06 65 29 43 02

4 réflexions sur “Quand l’émotion rencontre l’espace”

  1. Roberte Marois

    MERCI !!
    Mme Lerousseau, vos mots m’ont touchée profondément. J’ai 73 ans et j’ai découvert que j’étais hypersensible à 68ans. Avant je ne savais pas qui j’étais.
    J’ai découvert que votre métier aurait pu être le mien. Les personne qui rentrent dans mon appartement lui trouvent « quelque chose ». Pour moi aussi les lieux parlent.

    1. Isabelle LEROUSSEAU

      Madame,

      Votre message me touche profondément. Découvrir son hypersensibilité, même tardivement, c’est enfin mettre des mots sur une manière d’être au monde, et cela change tout.

      J’aime l’idée que votre appartement parle à ceux qui y entrent. Sans doute y avez-vous mis une part de vous-même, une sensibilité invisible mais perceptible. L’architecture intérieure est bien plus qu’une question d’espace, c’est une résonance entre un lieu et ceux qui l’habitent.

      Merci pour ce partage, il me rappelle pourquoi j’aime tant mon métier.

      Avec toute ma sensibilité,
      Isabelle

      1. Merci pour ce beau récit, mois même hypersensible découvert lors d’une thérapie. J’ai bien aimé votre plume , je vais réaliser un rêve habiter dans le Lubéron emménagé dans une maison que je vais décorer avec mon mari. Je me retrouve dans votre récit. Les matériaux les odeurs, les objets que du bonheur. Et ja viens de me réaliser dans le bien etre. Encore merci à vous et bonne continuation

        1. Isabelle LEROUSSEAU

          Avec grand plaisir, merci à vous ! Je vous souhaite de très beaux moments dans votre nouvelle maison !
          Isabelle

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